Les jaunes insolents des champs de colza sont maintenant passés. La pluie achevant d'en faire de tristes paillassons, j'en profite pour faire la récolte.
La veille j'ai plaçé des chasses abeilles. Au matin je retire des éléments quasiment vides, à l'exception des faux-bourdons trop gros pour passer le subterfuge, et d'une hausse
encore garnie d'ouvrières. Je m'attends à y trouver un rond de couvain, et pourtant...
Une cellule royale en plein milieu d'une hausse à miel...
Des abeilles y sont restées attachées...
On voit qu'elle a été ouverte par son occupante, comme en témoigne l'opercule de cire qui baille encore.
Je me demande si la reine n'est pas née pendant la nuit.
Au quel cas elle aura pris un coup de balayette comme ses consoeurs... mais retrouvera sa ruche de quelques battements d'ailes.
J'apprécie et savoure le travail de désoperculation.
Voir l'acier araser la cire tout en déroulant ce bourrelet de miel gras et odorant est ma première récompense.
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A noter que ce cadre format Warré est donné aux abeilles sans sa feuille de cire gaufré. Il est suffisament bien construit et solide pour passer à l'extracteur sans se briser.
On tire d'un cadre entre 1 et 1,2 kg de miel.
Et le miel coule en un filet doré...
Délicieux et d'un sublime parfum, le miel frais est incomparable.
Dommage que cet ambre liquide bientôt figera dans des pots en un miel blanc crêmeux, qui certes est digne de nos meilleures tartines, mais qui aura perdu sa spontanéité,
sa prime souplesse, ses fragrances de printemps, de premières fleurs et de ruches mêlées.
Le miel de printemps est visqueux. Une grosse quantité reste prisonnière des opercules ( environ 10% ).
Afin de valoriser cette manne, j'ai démarré un hydromel.
Matériel: I sachet de levure , acide tartrique, sels nourriciers, barboteur, passoire, seau alimentaire, baquet, densimètre
1°) Réunir les opercules dans un baquet et couvrir d'eau tiède ( 30°C pas plus sinon on dissout de la cire ). Mélanger jusqu'a obtention d'une soupe non visqueuse
2°) Filtrer à la passoire et obtenir une liqueur que l'on place dans un seau à miel
3°) Y placer le densimètre et ajouter de l'eau jusqu'à la densité 1100 environ. Bien mélanger à chaque fois.
4°) Peser le liquide et calculer le volume v en litres: v=m/1,1
5°) Ajouter 0,7 g/L d'acide tartrique, des sels nourriciers.
6°) Réhydrater la levure 15 min dans l'eau à 30°C puis mélanger au fond d'un récipient avec un litre du moût précédent. Oxygéner pendant 24 H puis réunir avec le moût. Oxygéner les trois
premiers jours puis fermer le seau. Percer le couvercle et y adapter le barboteur. La fermentation durera 5 à 7 semaines en fonction de la température du local.
On dit parfois que l'hydromel obtenu par lavage d'opercules présente un goût de cire. Personnellement je ne l'ai pas constaté. Au fait, ça a quel goût la cire ??
Il y avait l'équivalent de 8 kg de miel dans ces opercules, voués à être rendus aux abeilles.
On en tirera une grosse vingtaine de litres d'hydromel que l'on boira à leur santé.
L'achat d'un extracteur reste une dépense de taille. Les normes sanitaires en vigueur imposent le choix de l'inox ce qui surenchérit considérablement l'objet en
question... sans parler du local d'extraction qui doit également obéir à un cahier des charges auquel ne peut obéir un apiculteur amateur...
Quant à mes butineuses, je leur impose bien sûr le port d'une charlotte et de bottes blanches lorsqu'elles vont aux fleurs, et surtout, ne ramenez pas de phytosanitaires ! Ne portez pas le
nectar à la bouche !
Heureusement, dans le cadre d'une consommation familiale, on vous laissera libre de faire votre popotte...
Dans la pratique, des seaux en plastique alimentaire font office de maturateur, et une bonne couche de peinture alimentaire peut pallier à l'inox dans un extracteur acheté d'occasion.